Nouvelles de la Charte des Jardins

No 24, automne 2023 

Le Hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus) préfère la plaine à l'altitude, évitant ainsi les hivers trop longs et rigoureux. Ce petit mammifère carnivore et nocturne doit en effet passer une bonne partie de la période de novembre à mars en hibernation. Le rythme de son coeur peut alors s'abaisser jusqu'à une dizaine de battements par minute, au lieu de plus de 200 en période d'activité.

Un hérisson peut hiberner dans un jardin ou un espace vert à condition d'y trouver des tas de branches et de feuilles dans lesquels il pourra s'organiser une sorte d'igloo de survie. Plus il a de choix dans les endroits et les matériaux, plus il a de chances de bien passer l'hiver. Ces tas ont aussi l'avantage d'être des lieux de vie pour les vers, les mollusques et les insectes dont il se nourrit.

Toutes les bonnes pratiques de la Charte des Jardins favorisent la vie du hérisson en milieu habité: les petits passages entre les barrières, les haies d'arbustes sauvages et indigènes, les coins de prairie non tondus, l'obscurité et l'absence de granulés anti-limaces au métaldéhyde. Même si un hérisson n'avale pas directement ces granulés, il peut accumuler du poison dans ses réserves de graisses en croquant des limaces et des escargots qui en ont consommé. Et c'est justement lorsqu'il métabolise sa graisse durant l'hibernation que l'empoisonnement fatal aux pesticides survient...

• Aider le Hérisson (LPO)-PDF

Le climat change. Et certaines plantes dites "indigènes" ont de la peine à survivre aux étés chauds et secs qui deviennent la norme. Pour adapter les jardins et les espaces verts à ce réchauffement – tout en songeant à la Biodiversité – il est logique de regarder un peu plus vers le Sud de l'Europe. Parmi les arbustes plus méridionaux à feuilles persistantes et très opaques à la vue des voisins, on peut citer la Viorne tin (Viburnum tinus) que proposent certaines jardineries.

Appelé parfois "Laurier-tin", ou même abusivement "Laurier-thym", cet arbuste peut trouver sa place dans une haie ou comme sujet isolé. La Viorne tin devient aussi haute que large et ne dépasse généralement pas les trois mètres. Elle demande peu d'eau, vit au soleil ou à la mi-ombre et supporte le froid jusqu'à -15°C. Mais il faut lui éviter les terrains qui restent détrempés en hiver et la bise froide. Elle pousse lentement, change ses feuilles sans se dénuder et se taille facilement. Si l'automne et l'hiver sont doux, elle produit des ombelles de fleurs blanc-rose suivies de petits fruits bleu métallique que mangent les oiseaux (pour les êtres humains, ces fruits sont indigestes, voire toxiques).

Si on choisit d'installer une Viorne tin dans son jardin, préférer l'espèce sauvage pour favoriser la Biodiversité. Il existe en effet de nombreuses variétés de culture, pas toutes généreuses en fruits. La sauvage sera aussi plus résistante aux aléas du climat et aux maladies.

• www.aujardin.info

Voilà une nouvelle espèces exotique invasive qu'il faut absolument apprendre à reconnaître: le Scarabée japonais (Popillia japonica). C'est une sorte de joli petit hanneton, très vorace, qui peut émerger du sol en nombre durant l'été et dévorer le feuillage, les fleurs et les fruits de nombreuses espèces végétales: pommier, cerisier, pêcher, vigne, orme, tilleul, érable, rosier, maïs, soja...

Le Scarabée japonais s'est établi en 2014 dans le Nord de l'Italie, à partir d'où il a colonisé le Sud du Tessin et l'Est du Valais. À fin 2023, seuls quelques individus solitaires ont été signalés dans d'autres cantons. L’adulte, inoffensif pour les humains, mesure un centimètre de long. Sa carapace est vert métallique sur le thorax, et brun-cuivre sur le dos. Sur chacun de ses flancs, il porte cinq petites touffes de poils blancs, et il en a deux plus grandes au bout du postérieur.

Si, l'été prochain, vous découvrez l'un de ces petits scarabées, il faut absolument le capturer et le conserver (par exemple dans un sachet plastique à mettre au congélateur), noter où vous l'avez trouvé et sur quelle plante, puis signaler rapidement votre trouvaille à votre canton (voir ci-dessous), si possible en envoyant une photo de l'insecte.

• Reconnaître et signaler le Scarabée japonais

• Services cantonaux compétents

C'est toujours un bon réflexe de se balader en campagne avec un petit sachet en poche. On peut y récolter des graines à planter ensuite dans son jardin. Même au coeur de l'hiver, impossible de rater les longues hampes sèches des Molènes, une famille de fleurs sauvages spectaculaires d'un à deux mètres de haut, qui poussent souvent dans les terres en friche et les prairies sèches. Durant l'été et jusqu'en octobre, elles produisent jour après jour une succession de fleurs jaunes qui n'en finissent pas de grimper vers le ciel, et d'attirer les abeilles et les papillons.

Durant ce feu d'artifice, la longue hampe florale se transforme peu à peu en un javelot de petits grelots secs, remplis de graines minuscules – d'où l'intérêt du sachet pour les récolter. On peut les planter dans un endroit plutôt sec où la terre à été mise à nu par les chaleurs estivales. La première année, si les graines se plaisent, elles donneront des sortes de jolies salades gris-vert à l'aspect de tissu de velours. C'est au cours de la seconde année que les hampes florales s'élèveront pour décorer le jardin de manière spectaculaire.

• Wikipedia

Allez savoir pourquoi, mais la mousse est souvent considérée comme une ennemie du jardin, au point qu'on lui fasse la guerre à coups de produits chimiques et de griffes. Et pourtant, que les mousses sont belles lorsqu'on les regarde de près (il en existe un millier d'espèces en Suisse). Et combien elles sont nécessaires à bien des espèces d'oiseaux qui en ponctionnent des becquées entières pour construire leur nid.

La mousse, par exemple, entre pour une grande part dans la composition du nid des mésanges et des rouges-queues. Elle sert à la fois de matelas douillet pour les oeufs, et d'isolant contre le froid. Les merles, les écureuils et même les hérissons la collectent aussi pour tapisser l'intérieur de leurs nids ou de leurs abris.

Cela dit, la mousse n'est pas envahissante: elle s'établit là où la pelouse a de la peine à pousser, soit parce que le terrain est situé trop à l'ombre, soit parce que le sol est trop acide. Plutôt que de la combattre, on devrait la remercier de couvrir le sol et de conserver son humidité. Mais si on décide malgré tout de l'arracher à coups de râteau, plutôt que de l'envoyer au compost, on peut la déposer dans un coin du jardin, bien en vue pour les petits bâtisseurs.

• En savoir plus sur les mousses

 >> Toutes les infos & astuces Biodiversité

Chef lieu du district du Gros-de-Vaud, Echallens (VD) a choisi de préserver sa Biodiversité et la qualité de vie de sa population. Le service des Espaces publics va ainsi remplacer progressivement toutes les haies non désirables – telles les haies de thuyas – par des arbustes sauvages et indigènes. Les fauches tardives seront privilégiées partout où c'est possible. Une démonstration publique d'arrachage d'une haie de thuyas – suivie de la plantation d’une haie d’arbustes indigènes – a eu lieu en octobre dernier. La Municipalité encourage aussi les propriétaires de jardin à entretenir et aménager leur parcelle pour favoriser la survie de la petite faune sauvage en accord avec la Charte des Jardins. En 2023, elle a offert l'emblème aux nouveaux signataires.

• www.echallens.ch

"D'or à trois tilleuls de sinople mouvant d'une terrasse du même" : c'est ainsi que se décrivent les armoiries communales de la commune de Genolier (VD). Selon la tradition, c'est en effet sous trois tilleuls plantés au milieu de la localité qu'on rendait la justice par le passé. Et pour l'avenir, voilà un blason parfait pour une commune qui a signé la Charte des Jardins et qui encourage ses citoyens à en appliquer aussi les bonnes pratiques.

• www.genolier.ch

D’ici 10 ans, l’association Beau & Sauvage projette de réaliser un corridor à papillons de 60 km de long entre les communes de Chiètres (FR) et Macolin (BE), en passant par le Sud du lac de Bienne. Il s’agit d’inciter les propriétaires de jardin et les responsables d’espaces verts d’opter pour des pratiques d’entretien et de plantation favorables à la Biodiversité, afin de créer une continuité de parcelles accueillantes pour les papillons et leurs chenilles. Comme les papillons se déplacent en volant, ce corridor n’a pas besoin d’une continuité parfaite: il suffit qu'un jardin sur dix applique les bonnes pratiques de la Charte des Jardins – ce qui en représente tout de même 2500 sur l’ensemble du parcours. Basé à Chiètres, le Papillorama est associé au projet. Et la commune de Täuffelen-Gerolfingen (BE), située sur le corridor, présentera des activités en lien avec le projet et la Biodiversité tout au long de l'année 2024.

• www.beau-sauvage.ch

Demain Penthalaz est une association apolitique qui a pour but de promouvoir les objectifs de l'Agenda 2030 dans la commune de Penthalaz (VD). Le 23 septembre dernier, elle a organisé La Journée du développement durable de Penthalaz sur la Place Centrale, avec le soutien de la commune. Différents stands ont permis à la population de découvrir la biodiversité régionale, de calculer son empreinte carbone, de tester ses connaissances sur le climat, d'en apprendre davantage sur les énergies renouvelables, de réparer de petits appareils électroménagers et de construire des nichoirs. Un stand était aussi consacré à la promotion de la Charte des Jardins que 8 personnes se sont engagées à respecter.

• Association Demain Penthalaz

Ils sont de plus en plus nombreux, ces professionnels qui désirent travailler dans le respect de la nature sauvage, en proposant à leurs clients des aménagements et des entretiens qui favorisent la faune et la flore. Par exemple, l'entreprise Arbre & Co Sàrl, à Réchy (VS), a inscrit dans ses conditions de vente, à l'article 6, qu'elle se réfère à la Charte des Jardins pour travailler dans le respect de l'environnement. Et c'est aussi dans ce même esprit que l'entreprise Mycelium Jardins Vivants Sàrl, à Thierrens (VD), imagine et construit de beaux espaces où les éléments en pierres sèches sont aussi esthétiques pour les êtres humains qu'accueillants pour les lézards. On leur souhaite beaucoup de clients avides de Biodiversité.

• www.arbre-co.ch

• www.myceliumjardinsvivants.ch

Du 22 au 26 mai 2024, la Fête de la Nature tiendra sa 13^ème édition sur le thème "En nature Simone!" – un appel à sortir pour découvrir son environnement naturel proche. Toute personne, institution ou collectivité peut d'ores et déjà proposer une activité gratuite et l'inscrire sur le site web de l'événement. Le slogan de la prochaine Fête de la Nature est une allusion à l'expression "En voiture Simone!" qui veut dire en gros "C'est parti, on y va tout de suite!". Elle fait référence à Simone des Forest, l’une des premières pilotes féminines qui a participé à des courses automobiles dans les années 1930-1950. L’expression est passée dans le langage populaire dans les années 1960, grâce à l'émission de télévision française Intervilles, durant laquelle le présentateur Guy Lux interpellait ainsi sa collègue Simone Garnier.

• Fête de la nature