La couleur d’une peinture peut influencer la consommation d’énergie
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La couleur et la qualité d’une peinture peuvent influencer la consommation d’énergie.Choisir une couleur pour une façade, un mur intérieur, un plafond, un radiateur ou une tôle exposée au soleil n’est pas seulement une affaire d’esthétique. C’est aussi une question d’énergie et d’environnement. Car les peintures se comportent différemment face au rayonnement du soleil et des lampes d’éclairage, qu’il soit visible (lumière) ou invisible (ultraviolet et infrarouge). Et la couleur n’est pas seule en jeu: les divers composants d’une peinture déterminent comment le rayonnement est absorbé et réfléchi, et comment l’élément peint peut rayonner de la chaleur.
Des murs et un plafond clairs diminuent les besoins d’éclairage
Un mur intérieur peint en blanc renvoie dans la pièce environ trois-quarts de la lumière qu’il reçoit – qu’elle provienne d’une lampe ou du jour extérieur. Il en réfléchit presque tout autant s’il est peint en jaune, mais environ moitié moins s’il est peint en bleu. Et recouvert de peinture noire, il réfléchit moins d’un vingtième de la lumière qui lui parvient. Ainsi, plus la couleur d’une pièce est foncée, et plus il faut de puissance lumineuse pour l’éclairer – on devra aussi allumer les lampes plus tôt dans la soirée, et les éteindre plus tard dans la matinée. De surcroît, un mur ou un plafond foncé rend l’éclairage indirect peu performant. Dans ce cas, il vaut mieux installer des luminaires dirigés directement sur les endroits à éclairer.
De jour, des parois et un plafond clairs favorisent la pénétration de la lumière naturelle au fond de la pièce. De nuit, ils permettent d’éclairer la pièce avec moins d’électricité, et avec des lampes à éclairage indirect – contrairement aux murs et au plafond sombres qui reflètent mal la lumière.
Un sol et un plafond sombres donnent l’impression que la pièce est plus petite, en largeur comme en hauteur. Et un sol très clair et brillant est généralement perçu comme désagréable.
Il y a des teintes colorées plus lumineuses que certains blancs
La clarté (ou luminosité) d’une peinture est indiquée sur le pot ou dans la documentation du fabricant (voir le nuancier en magasin ou sur internet). On parle de la valeur de réflectance de la lumière (ou LRV, Light Reflectance Value). Il vaut la peine de consulter cette information car, suivant la composition de la peinture, un blanc peut avoir une LRV qui va de 70 (il réfléchit 70% de la lumière) à plus de 90 (il réfléchit au moins 90% de la lumière). On constatera aussi qu’un rouge vif (LRV 20-35) est généralement moins lumineux qu’un vert (LRV 30-60). De surcroît, dans leurs mélanges, certains fabricants utilisent des composants réfléchissants pour augmenter la luminosité des teintes. Ainsi, des verts et des bleus pastels (avec une grande proportion de blanc) peuvent atteindre une luminosité plus grande que celle d’un blanc pur ordinaire.
Sale, le blanc perd de sa luminosité
Avec les années, un plafond blanc peut perdre un tiers de sa luminosité. Repeindre le plafond du salon ou laver celui de la cuisine, c’est donc améliorer son efficacité pour l’éclairage. Il faut savoir qu’une peinture lavable est généralement brillante, c’est-à-dire qu’elle a tendance à renvoyer la lumière "en ricochet" (on peut y deviner son reflet), alors qu’une peinture mate (non brillante) diffuse la lumière en tous sens. Entre les deux, la peinture est dite satinée. En règle générale, pour une même teinte, une peinture brillante offre un peu plus de luminosité qu’une mate, mais la brillance est souvent gênante dans les activités quotidiennes – et c’est particulièrement vrai pour un sol qu’on préfère foncé et mat. À ce propos, un sol clair facilite certes la réflection de la lumière, mais son influence sur la puissance d’éclairage nécessaire au confort visuel est peu importante par rapport à celle des parois et du plafond.
On gagne à choisir la peinture d’une façade en fonction du soleil
Les peintures destinées aux façades des bâtiments doivent affronter davantage de contraintes que celles prévues pour les murs intérieurs. En plein été au soleil, une couche rouge-bordeaux peut dépasser une température de 80°C, alors qu’une façade jaune reste autour de 65°C. Or, en plus des effets négatifs de la chaleur sur ses constituants, une couche de peinture foncée subit aussi de plus grandes variations de température lorsqu’un nuage passe devant le soleil: les tensions qui s’ensuivent favorisent les dégâts sur le revêtement.
Cet effet est particulièrement marqué sur les façades isolées par l’extérieur, composée par exemple d’un crépi peint posé sur une couche de polystyrène d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur. Car l’isolant fait bien son travail: il freine le transfert de chaleur vers la maçonnerie, si bien que la couche de peinture s’échauffe beaucoup plus fortement que si le crépi était posé directement sur le béton ou la brique. Il existe d’ailleurs une norme de construction SIA (243/118, édition 2008) qui limite l’emploi de couleurs foncées pour les façades exposées au soleil. Pour offrir quand même un choix de couleurs sombres aux architectes, les fabricants ont développé des peintures spéciales, qui contiennent des oxydes métalliques pour réfléchir aussi en grande partie le rayonnement solaire qui se situe dans l’infrarouge proche. C’est aussi ce principe qu’utilisent certaines peintures dites "isolantes".
Peintures isolantes : il faut distinguer l’infrarouge "proche" de l’infrarouge "moyen"
Avant de parler des peintures isolantes, il faut dire quelques mots sur l’infrarouge. L’infrarouge que nous envoie le soleil est dit "proche" parce qu’il se situe tout proche de la lumière visible. Ses longueurs d’ondes s’étalent de 0,7 à 2,5 micromètres. Il faut le distinguer de l’infrarouge dit "moyen": c’est par exemple la chaleur émise par les murs intérieurs, les meubles et les personnes (autour de 10 micromètres). C’est cet infrarouge moyen que révèlent les images de thermographie en fausses couleurs pour identifier, en hiver, les points mal isolés des bâtiments.
Ainsi, les peintures dites "isolantes" sont sensées jouer sur le rayonnement infrarouge, en plus de jouer sur la lumière visible avec la couleur. Mais attention! Derrière le terme de "peinture isolante", on peut trouver plusieurs types de produits à l’efficacité très variable :
- Pour lutter contre la chaleur : peintures réfléchissantes, généralement blanches. Prévues pour un emploi extérieur, elles réfléchissent dans l’idéal une grande partie du rayonnement solaire visible et invisible. Elles réduisent l’échauffement d’objets et de bâtiments exposés au soleil: toitures, réservoirs d’eau ou de combustible, mobilier extérieur, carrosseries de véhicules, etc. Il faut s’intéresser à leur pouvoir réfléchissant sur l’ensemble du spectre solaire (total solar reflectance). Dans le meilleur des cas, la baisse de température de l’élément peint est de l’ordre de 15-20%. Mais ce qui est un avantage en été devient un désavantage en hiver, car l’élément peint ne profite pas du rayonnement solaire pour se réchauffer. Ainsi, ces peintures sont plutôt destinées à des bâtiments non isolés situés en climat chaud, où le gain d’énergie sur les systèmes d’air conditionné est plus important que le supplément de chauffage qu’elles entraînent.
- Pour lutter contre les murs intérieurs froids et les moisissures dues à la condensation : peintures contenant des microbilles de verre creuses. Elles sont deux ou trois fois plus isolantes que des peintures standards et peuvent augmenter légèrement la température de surface du mur, ce qui peut retarder l’apparition de la condensation. Mais étant donné la très faible couche posée (une centaine de microns), l’effet isolant est très faible et il ne faut pas en attendre une réduction des frais de chauffage.
- Pour isoler sa maison contre le froid : peintures utilisables à l’intérieur et/ou à l’extérieur, et annoncées comme capables d’isoler thermiquement un bâtiment, comme le ferait 20 cm de laine de verre ou 12 cm de polyuréthane (!). Décrites souvent comme "issues de la recherche spatiale", ce sont au mieux des peintures isolantes ou réfléchissantes, comme décrites plus haut: elles peuvent améliorer le confort intérieur, mais il ne faut pas en attendre des réductions de frais de chauffage. Certes, dans le vide spatial – sans air, donc – un film très réfléchissant suffit à bloquer les rayonnements et à isoler un satellite. Mais sur Terre, l’air conduit et transporte la chaleur: même si la peinture agissait idéalement sur le rayonnement infrarouge, elle n’aurait pas plus d’effet que quelques millimètres d’isolant – et l’efficacité serait encore plus faible en extérieur à cause des mouvements d’air qui accroissent les échanges thermiques.
Attention aussi aux images de thermographie (sur lesquelles on voit la température des objets en fausses couleurs) qui cherchent à prouver l’efficacité de certaines peintures isolantes. Si la peinture contient des particules réfléchissantes, ce n’est pas la température du mur (ou du plafond) qu’on y "voit", mais les infrarouges d’autres éléments de la pièce qui s’y réfléchissent: sur l’image, le mur (ou le plafond) a donc l’air plus chaud que sa température réelle. - Pour éviter la condensation sur une façade isolée par l’extérieur : peintures dites à "faible émissivité" ou "à changement de phase". Elles limitent le refroidissement de la couche de peinture durant la nuit, ce qui réduit la condensation de l’humidité et donc les salissures qui peuvent s’ensuivre (algues et moisissures). Le domaine est nouveau et il vaut mieux se fier aux déclarations techniques officielles plutôt qu’aux seules publicités.
- Pour éviter les salissures : peintures (généralement pour l’intérieur) peu perméables à la graisse et à l’eau, mais perméable à la vapeur d’eau. Le terme "isolant" est ici employé non pas en terme d’énergie, mais en terme d’étanchéité. Étalée sur un mur tâché (humidité, moisissures, suie, nicotine etc.), une telle peinture évite que les taches redeviennent visibles.
À considérer dans le choix d’une peinture :
solvants, réflexion, émissivité, santé, environnement...
Élaborer des peintures qui soient belles, efficaces, solides, durables et avec peu d’impacts sur la santé et l’environnement est vraiment une science. Au cours des dernières années, les fabricants ont fait d’énormes progrès, notamment pour les débarrasser d’une grande partie de leurs solvants (composés organiques volatils ou COV). Les COV posent à la fois des problèmes de santé et de pollution de l’air; ils sont notamment impliqués dans la formation de l’ozone estival qui agresse nos poumons. De plus, les fabricants ont diminué la présence de substances nocives et de métaux lourds dangereux. Sans parler des nouveautés dans les pigments et les composants spéciaux qui donnent à une peinture sa couleur et ses propriétés physiques. En matière de peinture et de couleurs, voici quelques questions à se poser qui touchent l’énergie et l’environnement :
• Pour toutes les peintures : existe-il une peinture similaire qui contienne moins de solvants (diluable à l’eau) et moins de composants dommageables pour la santé et l’environnement? Il existe plusieurs écolabels à consulter. La Fondation Suisse Couleur (qui regroupe notamment des fabricants de peinture) propose un label qui s’inspire de l’Etiquette-énergie (voir en haut à droite).
• Pour la cuisine ou la salle de bains : ne serait-il pas judicieux de vérifier si la peinture actuelle est lavable – et d’essayer de la nettoyer pour voir si on ne retrouve pas la clarté d’origine sans avoir à redonner une couche de peinture neuve?
• Pour un mur ou un plafond intérieur : la couleur que je choisis n’est-elle pas trop sombre, au point de demander davantage d’éclairage? Comment réfléchit-elle la lumière, quelle est sa réfléctance (LRV)? N’y a-t-il pas, pour la même teinte, une peinture plus lumineuse?
• Pour une façade isolée par l’extérieur et exposée au soleil : la teinte choisie n’est-elle pas trop sombre pour bien résister au rayonnement solaire? Quelle est son indice d’absorption de la lumière visible et du rayonnement solaire total? Est-elle en accord avec la norme SIA?
• Pour un élément extérieur qu’on veut protéger du soleil : la peinture est-elle assez réfléchissante? Réfléchit-elle aussi les infrarouges? Quelle est sa réflectance sur l’ensemble du spectre solaire (total solar reflectance)?
• Pour un élément qui doit capter le soleil (capteur solaire thermique, marmite de four solaire) : une peinture noire mate, très absorbante non seulement de la lumière visible, mais aussi de l’infrarouge proche (pour capter toute l’énergie du soleil), et avec une faible émissivité dans l’infrarouge moyen (pour dégager peu de chaleur).
• Pour un radiateur : la peinture est-elle prévue spécialement pour un radiateur? A-t-elle une grande émissivité (= peu réfléchissante), ce qui lui permet de bien diffuser la chaleur.
• Pour une carrosserie de voiture : la couleur est-elle assez claire et très réfléchissante (faible émissivité) pour éviter de devoir trop utiliser la climatisation durant l’été (la climatisation augmente la consommation de carburant) - en savoir plus.
• Pour un plat de cuisson au four : on ne va pas repeindre un plat à gratin ou à patisserie! Mais au moment du choix, il faut savoir qu’un modèle de qualité de couleur noire mate absorbe généralement mieux la chaleur qu’un plat brillant. La cuisson de la base d’une pâtisserie ou d’un gratin en sera plus efficace.
Et lorsqu’on a fini de peindre, on se rappellera que les peintures sont des déchets spéciaux – même si leur pot porte un label écologique. Les pots non vides sont à remettre en Déchèterie ou dans un commerce spécialisé.