Les jardins privés reçoivent trop de pesticides
- Détails
- Mai 2009
- Dernière mise à jour : avril 2017

Chaque année en Suisse, environ 130 tonnes de pesticides (désherbants, insecticides, fongicides, etc.) sont utilisés dans les jardins privés et les espaces verts ouverts au public. Or, une trop grande part de ce qui est versé dans les jardins et autour des villas et des immeubles va directement dans la nature, car de plus en plus de réseaux d’épuration sont conçus en "séparatif": ils sont dédoublés pour éviter d’amener les eaux claires (provenant de la pluie et du drainage des terrains) vers les stations d’épuration. Ainsi, les scientifiques constatent une augmentation inquiétante de nombreuses substances chimiques dans les lacs et les nappes phréatiques, d’où provient notre eau potable. La limite légale est même dépassée dans un dixième des stations de mesure, selon les derniers résultats de l’Observatoire national des eaux souterraines (NAQUA).
Pesticides = produits tueurs
Pour entretenir le gazon, les rosiers, les dalles ou encore les toitures, l’amateur a trop souvent tendance à faire un usage immodéré de pesticides, des substances chimiques conçues pour tuer des êtres vivants qui nuisent aux cultures: herbicides (contre certaines familles de plantes et contre la mousse), insecticides (contre les insectes et leurs larves), fongicides (contre les champignons et les moisissures), molluscicides (contre les limaces et les escargots), acaricides (contres les acariens et les araignées).
Une partie de ces produits s’infiltrent dans le sol dont ils réduisent la fertilité, tandis qu’une autre est lessivée par l’eau de pluie et l’arrosage: ils suivent les bordures des chemins et se faufilent dans les grilles d’égout. Or, de plus en plus de réseaux d’épuration sont conçus en "séparatif": ils sont dédoublés pour éviter d’amener les "eaux claires", provenant de la pluie et du drainage des terrains, vers les stations d’épuration. Les pesticides sont donc entraînés directement dans la nature, idéalement dans un terrain qui les filtre avant l’arrivée dans un cours d’eau, mais trop souvent directement dans une rivière ou un lac.
C’est justement pour cette raison que, depuis 2001 en Suisse, les propriétaires privés ont l’interdiction d’utiliser des herbicides (désherbants) sur les routes d’accès, les chemins, les terrasses, les places de parking – qu’ils soient ou non recouverts de goudron, de dalles, de pavés ou de gravier. Les bordures en herbe ou en terre sont aussi concernées. Cette interdiction ne concerne pas les chemins posés sur la couche d’humus, comme par exemple, les dalles disposées directement sur la terre du jardin. Dans ce cas, s’ils sont utilisés en petites quantités, les herbicides sont dégradés en bonne partie dans le sol.
Du toit directement à la rivière
Il est également interdit de traiter le toit de sa maison ou de son garage avec des herbicides ou des produits antimousse, voire des mélanges d’eau de Javel et de soude caustique. Car, de la gouttière à la nature, le chemin est très souvent direct. L’eau de Javel mélangée avec de la soude caustique – dont l’usage sur un toit est strictement interdit – peut faire des dégâts terribles sur les poissons et la faune des rivières.
Engrais sélectifs = herbicides déguisés
La mode de la pelouse très courte et uniforme a démarré aux USA dans les années 1950, en même temps que s’est répandu l’usage des petites tondeuses à moteur et des produits phytosanitaires. C’est une monoculture de quelques variétés de plantes herbacées seulement, très pauvre en biodiversité et qui exige non seulement beaucoup d’arrosage et d’engrais synthétiques, mais aussi des pesticides, en particulier des désherbants sélectifs et des produits anti-mousse. Bien souvent, l’amateur ignore qu’il étend des pesticides sur sa pelouse, car ils sont combinés avec des engrais et vendus sous les noms d’engrais sélectifs ou d’engrais anti-mousse. Ces produits sont interdits à la vente en Suisse, mais disponibles en France.