Les piles et les batteries sont des "déchets spéciaux"
Plus de 8000 tonnes de piles et de batteries sont vendues chaque année en Suisse. Une fois usagés, ces objets sont considérés comme des "déchets spéciaux", car ils peuvent souiller l’eau, le sol et l’air. En effet, ils contiennent des solutions salines agressives, des métaux qui menacent la santé des êtres vivants (cadmium, manganèse, mercure, nickel, plomb, zinc, etc.), et des substances de synthèse problématiques, tels les retardateurs de flamme qui peuvent agir comme perturbateurs de notre système hormonal. Les piles et batteries du marché ne contiennent pratiquement plus de mercure ni de cadmium qui sont particulièrement toxiques. Mais beaucoup de vieilles piles traînent encore dans les ménages, que ce soit dans les tiroirs ou dans des objets hors d’usage: télécommandes de téléviseur, montres à quartz, petits jouets qui émettent des sons ou de la lumière, cartes de vœux musicale, rasoirs...
La législation suisse interdit que les piles et les batteries soient incinérés avec les ordures ménagères. En effet, la chaleur des fours des usines d’incinération ne dégradent pas toutes les substances dangereuses: certaines s’échappent avec les fumées, d’autres polluent les eaux de lavage des fumées (les usines d’incinération sont équipées de dispositif de filtrage et de lavage des fumées), et d’autres enfin se retrouvent dans les résidus qui sont mis en décharge.
Ainsi, la loi oblige non seulement le commerçant qui vend des piles et des batteries à les reprendre gratuitement pour les mettre dans le circuit du recyclage, mais elle oblige aussi le client à les ramener dans un magasin ou un point de collecte.
Extraction des métaux des piles usagées dans l’usine Batrec à Wimmis (Berne). Il en résulte des lingots de ferro-manganèse et de zinc, ainsi que du mercure (en bouteilles) qui pourront être réutilisés. Les scories, stables, seront déposées en décharge. Photos: Batrec
Recyclage compris dans le prix
Pour financer tous les processus de recyclage, une taxe d’élimination anticipée (TEA) est comprise dans le prix des piles et des batteries neuves – même sur ceux qui sont inclus, par exemple, dans les téléphones portables ou les ordinateurs. Cette taxe est gérée par INOBAT (Organisation d’intérêt pour l’élimination des piles), et représente un montant d’environ CHF 2,50 par an et par habitant. Les piles et les accus collectés sont conduits à Wimmis, dans le canton de Berne, à l’usine Batrec. Dans cette fonderie de haute-technologie, les métaux et les sels sont récupérés pour d’autres usages, et les substances de synthèse entièrement brûlées dans des fours spéciaux.
Ramener aussi les appareils électriques et électroniques
Malgré toute l’information et les infrastructures mises en place depuis une vingtaine d’années, environ 30% des piles et des batteries manquent à l’appel au moment du recyclage. Pour avoir une idée du volume annuel, c’est l’équivalent d’une ligne de 2000 km constituée de piles ordinaires (format AA) placées bout à bout !
Cette masse n’est, bien sûr, pas constituée uniquement de piles AA. Elle comporte toutes sortes de modèles, depuis le gros accumulateurs de la visseuse portable, jusqu’à la minuscule pile-bouton d’une petite montre de dame.
En mettant un engin électronique hors d’usage à la poubelle, on y jette donc bien souvent une pile ou une batterie sans s’en rendre compte. Et on se met doublement "hors-la-loi", car la législation demande de ramener dans un point de collecte tous les appareils électriques et électroniques – quelle que soit leur taille – car leurs circuits contiennent eux aussi des métaux et des substances qu’il faut éviter de répandre dans l’environnement.
C’est la dose qui fait le poison
La plupart des métaux utilisés dans les piles et les batteries sont naturellement rares sous forme libre. On les trouve sous forme de minerais emprisonnés dans les roches et ils sont – heureusement – peu en contact avec les êtres vivants. En négligeant de recycler ses piles ou ses appareils électroniques, on augmente les concentrations de ces éléments dans notre environnement direct. Le plomb, le mercure, le cadmium et d’autres métaux lourds sont connus pour leur toxicité sur les cellules nerveuses. Or, les scientifiques craignent qu’ils puissent nuire à des doses plus faibles qu’imaginées jusqu’ici, lorsqu’ils se combinent avec d’autres substances polluantes, tels que les pesticides.