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Polluants du trafic motorisé

Les principaux polluants des gaz d'échappement des véhicules à moteur :

 

La pollution atmosphérique en direct, grâce au Réseau national d'observation des polluants atmosphériques (NABEL). -www.bafu.admin.ch

Monoxyde de carbone (CO)

Le monoxyde de carbone (CO) ne doit pas être confondu avec le dioxyde de carbone appelé aussi "gaz carbonique" (CO2). Ce dernier est responsable de l'augmentation de l'effet de serre qui réchaufe le climat de la terre, mais n'est pas toxique. Alors que le CO est dangereux même à de faibles doses, car il se lie fortement aux globules rouges et empêche l'oxygène de s'y fixer. Une personne exposée à ce gaz inodore et incolore aura en permanence une partie de ses globules rouges qui circuleront certes dans le corps, mais qui seront "hors service" en ce qui concerne le transport d'oxygène.

Les sources principales de CO dans la vie quotidienne sont le trafic routier et la fumée du tabac. D'après différentes études scientifiques, le citadin moyen a environ 2% de globules rouges "hors service" pour cause de monoxyde de carbone, contre 5 à 10% pour un fumeur régulier.

À partir de 20% de globules accaparés par le CO, on constate des dommages sérieux au niveau du cerveau et du coeur – les deux organes les plus sensibles au manque d'oxygène. Au-delà de 50%, c'est la mort assurée. Pour en arriver là, il faut une exposition forte, pendant quelques dizaines de minutes: c'est ce qui arrive parfois dans des tunnels ou des parkings souterrains, même ventilés. Une raison de plus d'éteindre son moteur lorsqu'on est à l'arrêt.

Hydrocarbures imbrûlés (HC)
Composés organiques volatils (COV)

L'essence liquide est constituée d'un mélange d'hydrocarbures (HC) différents. Ceux qui se retrouvent dans les gaz d'échappement sont appelés "imbrûlés": ils sont passés à travers le moteur, en subissant peu ou pas de modifications. Cette combustion incomplète est typique des moteurs 2-temps dénués de système d'injection (petits scooters, tondeuses, engins de chantier, moteurs de bateau) et, dans une moindre mesure, des moteurs 4-temps. Certains imbrûlés – tels le benzène et le toluène – sont très nocifs pour la santé humaine. Aspirés jusqu'au fond des poumons, ils passent dans le sang, où ils s'attaquent aux parois des vaisseaux, provoquant des maladies cardiovasculaires et même des crises cardiaques. Ils s'attaquent aussi au matériel génétique (ADN) contenu dans les cellules, augmentant les risques de cancer.

Les moteurs de voitures – essence ou diesel – produisent peu d'imbrûlés, grâce au pot catalytique qui en élimine plus de 90%. C'est grâce au catalyseur que les concentrations d'imbrûlés dans l'air ont fortement diminué entre 1980 et 2005. On constate peu de progrès depuis lors, en raison de l'explosion du nombre de scooters. Bon à savoir: si on conduit son scooter sans démarrage en trombe et sans forcer sur la manette des gaz, la combustion se fait mieux et on diminue nettement la production d'imbrûlés.

Quand on parle de la pollution émise par le trafic motorisé, les HC sont souvent compris dans les composés organiques volatils (COV), à savoir des substances à base de carbone capables de s'évaporer dans l'air.

Oxydes d'azote (NOx)

Il s'agit de deux gaz – NO et NO2 – qui sont souvent réunis sous l'appellation NOx (le "NOx", lui, n'existe pas). Ils sont produits principalement par les moteurs fonctionnant à l'essence et – surtout – au diesel. Ils ont grosso modo les mêmes propriétés (d'autant plus que le NO se transforme spontanément en NO2): ils créent un acide dès qu'ils entrent en contact avec de l'eau.

Voilà pourquoi la pollution automobile agresse les voies respiratoires des humains et des animaux, ainsi que les plantes. Le phénomène des pluies acides est aussi à mettre sur le compte de ces gaz agressifs. L'introduction du catalyseur a permis de réduire les émissions de NOx pour les voitures à essence, mais en raison de l'augmentation du trafic et des moteurs diesel, leur concentration excède encore les limites légales dans certaines villes et le long des grands axes routiers. Il est à relever qu'un catalyseur spécial "deNOx" existe pour les véhicules diesel.

Poussières fines (PM10)

Il s'agit de particules de suie microscopiques, produites en grandes quantités par les moteurs diesel, les feux de cheminée, la fumée de cigarette, la friture, etc. Elles sont généralement abrégées PM10, ce qui signifie "particule de matière (particulate matter, en anglais) de moins de 10 microns de diamètre". Il existe des particules encore plus fines: des PM2.5, des PM1 ou même des PM0.1 (moins d'un dixième de micron de diamètre).

Plus une particule est fine, plus elle a la capacité d'être aspirée jusqu'au fond des poumons, où elle restera collée contre la paroi de l'alvéole. Avec pour conséquences une réduction de la capacité respiratoire, et un risque accrû de cancer du poumon. De surcroît, les particules sont couvertes de substances nocives et cancérigènes qui, elles, sont solubles dans l'eau. Dans le milieu humide de l'alvéole pulmonaire, elles vont se dissoudre et passer dans le sang. C'est pourquoi les poussières fines sont impliquées non seulement dans le cancer du poumon mais aussi dans les crises cardiaques.

Depuis quelques années, l'apparition du filtre à particules permet de réduire le nombre de PM10 rejetées par les moteurs diesel.

Ozone (O3)

L'ozone de basse altitude – à ne pas confondre avec la couche d'ozone de haute altitude qui protège les êtres vivants des rayonnements ultra-violets du soleil – est un polluant dit "secondaire". En effet, il n'est pas émis directement par les véhicules à moteur, mais il se forme dans un second temps, par action de la chaleur et de la lumière du soleil sur les NOx et les COV.

Près du sol, dès que le taux d'ozone s'élève, les yeux piquent, la respiration devient difficile et le risque d'accident cardiovasculaire augmente. Les plantes sauvages et les cultures souffrent et croissent plus faiblement.

Paradoxalement, l'ozone est plutôt rare dans les zones à fort trafic: les NOx (qui irritent aussi les voies respiratoires) y sont trop abondants pour permettre sa formation. Mais elle a lieu lorsque les COV et les NOx sont transportés à quelques kilomètres de leur source d'émission par les vents: les campagnes à proximité des grandes villes souffrent des taux d'ozone les plus élevés.

Le trafic n'est pas seul responsable de la formation de l'ozone. Les chaudières qui fonctionnent pendant la belle saison pour produire de l'eau chaude, l'industrie et l'agriculture ont aussi leur part. Mais il se trouve que la période estivale, propice à la formation de l'ozone, est aussi celle des vacances qui engendrent un accroissement du trafic motorisé.

 

AirCHeck, pour télécharger une application pour smartphone qui permet de connaître la pollution de l'air en tout lieu. -www.cerclair.ch