Bruyants, polluants et néfastes pour la biodiversité : les souffleurs de feuilles, autrefois cantonnés à l’automne, s’utilisent désormais toute l’année. Problème: ils sont extrêmements bruyants, néfastes pour la faune et sont aussi source de pollution de l'air, en ce qui concerne les modèles à essence. Quand et comment les utiliser ? Quelles sont les alternatives ?

En bref:
Les souffleurs de feuilles sont pratiques mais très bruyants, polluants et dangereux pour la petite faune.
Le râteau ou le balai restent les alternatives les plus simples et écologiques, surtout sur de petites surfaces.
Pour l’environnement, l’idéal est de laisser les feuilles mortes au sol, tout en dégageant les accès de mobilités.
Si un souffleur est indispensable: privilégier un modèle électrique moins bruyant et polluant, et éviter la fonction broyeur
Un bruit dangereux pour la santé
Les souffleurs de feuilles sont des appareils très bruyants. Les modèles électriques sont généralement moins bruyants que les modèles à essence mais ce n’est pas une règle absolue, il convient donc de bien regarder les indications du manuel. À niveau de bruit équivalent affiché par les constructeurs, les souffleurs de feuilles à essence sont toutefois perçus comme plus bruyants à cause des fréquences basses qui se propagent plus facilement aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des bâtiments.
Niveau de pression acoustique des souffleurs de feuilles, au niveau de l’utilisateur:
- Modèles électriques: généralement entre 70 et 90 dB(A)
- Modèles à essence: généralement entre 85 à 105 dB(A).
En l’absence de protection adéquate, de tels niveaux sonores présentent un risque élevé pour l’audition de l’utilisateur de l’appareil. Pour le voisinnage, le risque d’une perte d’audition est minime, mais le bruit peut tout de même affecter gravement la santé. À une distance de 16m la plupart des modèles de souffleurs à essence et quelques modèles électriques dépassent encore les 65 dB(A), bien au-delà des 55 dB(A) maximum recommandés en extérieur par l’OMS pour préserver la santé.
On estime que le bruit provoque la mort d’environ 500 personnes chaque année en Suisse. Un des risques principaux est l’augmentation des accidents cardio vasculaires, qui survient déjà au delà d’une exposition à 60 dB. À long terme, le bruit peut également être responsable de troubles cognitifs, de problèmes d’apprentissage chez les enfants, et de dépression.
Le problème est que ces souffleurs ne sont plus uniquement utilisés pour ramasser les feuilles en automne. Certains s’en servent par exemple pour débarasser les feuilles et branchages des haies taillées pendant l’été, pour dégager la neige en hiver ou pour déplacer les déchets tout au long de l’année, ce qui multiplie les potentiels conflits avec le voisinage. Avec l’essor du télétravail, le monde professionel est également touché. Selon la confédération (SECO), pour un travail de bureau, le bruit de fond (émis par exemple par les installations techniques ou les bruits de l'extérieur) ne devrait pas dépasser les 40 à 45 dB(A), et les bruits d'exploitation (bruit produit par l'activité normale) de devraient pas dépasser 55 dB(A).
Pour limiter les problèmes de bruit liés aux souffleurs à feuilles, certaines régions restreignent leur utilisation à la période automnale. Dans le canton de Genève, l’utilisation de souffleurs – à essence comme électriques – est autorisée uniquement entre le 1er octobre et le 31 janvier. La ville de Zürich a quant à elle interdit les souffleurs à essence, autorisant uniquement les modèles électriques entre octobre et décembre.
Décibels, puissance acoustique et pression acoustique
L’unité qui sert à mesurer l’intensité d’un son est le décibel ou dB. On y rajoute parfois un “A” : dB(A), qui signifie que la mesure tient compte des spécificités de l’oreille humaine, laquelle perçoit moins bien les sons très grave et très aigus.
Le décibel est une échelle logarithmique, ce qui implique que lorsqu’ il augmente de 10 dB, le bruit perçu est environ deux fois plus fort pour l’oreille humaine. Un bruit de 90 dB est ainsi perçu comme deux fois plus fort qu’un bruit de 80 dB.
Les modes d’emploi des appareils listent généralement deux chiffres en dB(A):
- La puissance acoustique (LWA): c’est une mesure du bruit de la machine, indépendamment de la distance à laquelle se trouve l’utilisateur. C’est la valeur légale qui doit obligatoirement être indiquée par le fabriquant.
- La pression acoustique (LpA): c’est une mesure du bruit à l’oreille de l’utilisateur. La distance à laquelle se trouve l'appareil est une donnée essentielle pour que cette valeur aie du sens.
Pour une source ponctuelle, le niveau sonore diminue de 6 dB à chaque doublement de distance (pour autant qu’il n’y ait obstacles ni réverbérations).Si on a une valeur de 90 dB à 1 mètre, on aura donc une valeur de 84 dB à 2 mètres, 78 dB à 4 mètres, 72 dB à 8m et 66 dB à 16m.
Des moteurs qui polluent l’air
Comme beaucoup d’appareils du jaridin (tondeuses, tronçonneuses...) Les souffleurs de feuilles à essence fonctionnent le plus souvent avec des moteurs deux temps (nécéssitant un mélange d’huille et d’essence), qui sont particulièrement polluants, car ils émettent des oxydes d’azote et des particules fines. Comme tout appareil qui fonctionne à l’essence, ils émettent aussi du CO2, et contribuent donc aux dérèglements climatiques.
Si on tient absolument à un modèle à essence, on peut:
- Choisir un modèle à quatre temps, qui est moins polluant et moins bruyant.
- L’alimenter avec de l’essence alkylate. Ce type d’essence est moins polluant et préserve mieux les moteurs. Seul inconvénient, il est plus cher à l’achat, mais sur le long terme, on y gagnera en frais de réparation et d’entretien.
Enfin, qu’il s’agisse d’un souffleur à essence ou électrique, le flux d’air propulse dans l’air des poussières et particules fines qui peuvent être toxiques ou contenir des virus et bactéries. Il est donc recommandé pour l’utilisateur de porter un masque.
Laisser les feuilles mortes, c’est laisser vivre
Du point de vue de la biodiversité, retirer les feuilles mortes n’a pas de sens. En se décomposant, les feuilles mortes enrichissent le sol en matière organique et nourrissent la vie du sol.
Utiliser la fonction “aspirateur-broyeur” pour ramasser les feuilles est également problématique, même si on décide de réintéger les feuilles broyées sur le terrain pour servir d’engrais. La petite faune qui s’y abrite risque d’être broyée vive, comme le papillon citron qui y passe l’hiver. De façon indirecte, on prive aussi de nourriture d’autres animaux – oiseaux, hérissons – qui se nourrissent des organismes vivant sous les feuilles.

L’idéal est donc de laisser les feuilles mortes sur le gazon et de les enlever uniquement où elles pourraient représenter un risque de glisse, par exemple sur les allées et lieux de passage. En Suisse, cette tendance à ne plus ramasser systématiquement les feuilles fait son chemin.