Nouvelles de la Charte des Jardins
No 5, automne 2013
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LES FEUILLES MORTES J'ai fondé la Société protectrice des végétaux. Nous sommes en train de poser des matelas sous les arbres pour amortir la chute des feuilles. (Alphonse Allais, 1854-1905)
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On peut voir tomber les feuilles en pensant à la corvée de devoir les ramasser. Ou considérer que c'est un cadeau du ciel: en se décomposant, les feuilles se transforment, en 2 ou 3 ans, en un terreau noir riche en humus. Dans une forêt, les feuilles tombées forment une litière riche en invertébrés que les oiseaux et les petits mammifères fouillent pour se nourrir. Cette litière sert aussi d'abri pour toute une petite faune qui y trouve de la fraîcheur en été et de la douceur en hiver – de la salamandre au papillon. C'est pour cela que la Charte des Jardins propose de laisser un tas de feuilles en permanence sur son terrain.
On peut déblayer les feuilles mortes sous la haie. Ou les récolter pour faire un terreau à étendre dans les massifs de fleurs ou dans le potager. L'idéal est de ramasser les feuilles lorsqu'elles sont humides (pour faciliter la décomposition), et d'en faire un tas léger dans un coin ombragé du terrain. Si on doit défendre le tas contre les assauts du vent, on le contiendra à l'aide d'une barrière munie d'un petit passage pour le hérisson.
Pratiquement toutes les feuilles conviennent, mais certaines sont coriaces et se décomposent très lentement (noyer, platane...) – on peut utiliser la tondeuse pour les broyer. Si on veut utiliser le terreau pour le potager ou les rosiers, on évitera d'y mettre des feuilles de légumes ou de rosiers atteintes de maladies.
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L'amie Musaraigne
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Lorsqu'on voit une Musaraigne, c'est généralement entre les griffes d'un chat et on la prend souvent pour une souris. Toute petite, oeil minuscule et nez busqué, elle a aussi des dents de carnivores qui la distinguent des rongeurs: elle ne touchera ni aux fleurs, ni aux fruits, ni aux légumes. En fait, la musaraigne est une alliée du jardinier. Active de jour comme de nuit – et en hiver comme en été – elle fouille continuellement le terrain à la recherche d'insectes, d'araignées, de vers... Très rapide dans ses déplacements à découvert, elle peut passer complétement inaperçue, n'étaient-ce ses petits cris très aigus.
Deux espèces très semblables fréquentent surtout les espaces verts et les jardins: la Musaraigne carrelet et la Musaraigne musette. Dans un jardin, son coin préféré pour chasser et se reproduire est généralement situé près du compost ou du tas de feuilles. Elle ne cherche pas à entrer dans les habitations.
• Réaliser un abri pour musaraignes
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Qui mange la pyrale du buis?
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Originaire d'Asie et apparue en Europe en 2006, la Pyrale du buis continue sa progression et ses ravages. Les chenilles de ce papillon dévorent les feuilles pourtant coriaces du buis et peuvent réduire à néant toute une haie en quelques mois. Malheureusement, les oiseaux ne semblent pas les apprécier, parce qu'elles sont gorgées d'un jus vert et toxique (le buis est toxique).
Notre faune possède une arme nocturne contre le papillon de la pyrale qui vole dès la tombée de la nuit: les chauves-souris. On peut d'ailleurs les observer profiter de l'éclairage public pour capturer les insectes attirés par la lumière. Mais voilà, les chauves-souris se raréfient, parce que les arbres creux se font rares, et parce que les bâtiments neufs et rénovés offrent moins de cachettes sous leur toit. On peut donc les aider à vivre à nos côtés en leur installant des abris, à placer sur les bâtiments, les ouvrages publics et les arbres.
Une grande biodiversité est la meilleure arme contre les ravageurs et les maladies des plantes.
• Abris pour chauves-souris • Assainir les bâtiments en protégeant les oiseaux et les chauves-souris • Lutter contre la Pyrale du buis
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Chutney de cornouilles
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Le Cornouiller mâle (Cornus mas) est un arbuste indigène qui gagne à être (re)découvert. Au début du printemps, il donne des bouquets de fleurs jaunes avant ses premières feuilles. Et en août-septembre, il offre ses fruits comestibles, les cornouilles. Par leur forme et leur noyau, elles ressemblent à de petites olives.
Lorsqu'elles sont prêtes à tomber de l'arbre, les cornouilles sont rouges comme des tomates et très acides en bouche. Mais quelques jours après la cueillette, leur couleur fonce en même temps que leur chair ramollit et devient sucrée: c'est le moment de les manger crues (elles sont acidulées et ont un goût de cerise-groseille) et de les cuisiner pour en faire une gelée ou un chutney.
Même s'il préfère un sol plutôt calcaire et une exposition ensoleillée, le Cornouiller mâle pousse presque partout. On peut le placer dans une haie paysagère ou comme petit arbre d'ornement. Les jours de novembre sans gel sont la meilleure période pour le mettre en terre – comme pour la plupart des arbres et arbustes peu sensibles au froid. En automne, en effet, la terre est humide et encore tiède: la plante a le temps d'installer ses racines sans stress, pour bien repartir dès le début du printemps.
• Arbustes indigènes • Recettes de cuisine
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Indigène et sauvage?
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Info Flora joue le rôle de centre national de données et d'informations sur la flore de Suisse. Son site Internet rassemble des informations sur chaque plante du pays (y compris les plantes d'origine exotique): carte de répartition, écologie, photos, et statut de protection. Les passionnés de botanique peuvent participer à enrichir cette banque d'information avec leurs observations de terrain. Mais chacun peut utiliser ce site pour savoir si une plante proposée en jardinerie est sauvage et indigène: il suffit de faire une recherche avec le nom français ou le nom latin.
Seul le nom latin complet permet d'identifier vraiment une plante (il n'est pas toujours donné en entier sur les étiquettes). Le nom botanique d'une plante sauvage comporte seulement deux noms en italique. Par exemple Ilex aquifolium pour le houx commun. Chez une variété de culture, le nom botanique de l'espèce sauvage est suivi d'un troisième nom donné entre guillemets. Par exemple, Ilex aquifolium 'Silver Queen' pour un houx aux feuilles bordées de clair. Pour les hybrides, les noms latins sont séparés par un 'x'. Par exemple, Ilex x altaclerensis 'Golden King' pour une variété de houx issu d'un croisement avec une espèce du Japon, et dont les feuilles n'ont pas d'épines.
• www.infoflora.ch • Étiquette Charte des Jardins
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Chèvrefeuille du Japon
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Le Chèvrefeuille du Japon (Lonicera japonica) est le genre de plante qu'on se passe volontiers entre voisins, avec ses feuilles persistantes et ses fleurs blanches qui virent au jaune avant de faner. Un petit morceau de tige planté en terre, et, en quelques mois, la liane habille tout un mur. Le problème, c'est que ce chèvrefeuille originaire d'Extrême-Orient envahit la nature avec la même aisance. Il rampe sur de longue distance, grimpe au sommet des arbres, et finit par étouffer les autres plantes sous un épais fourré.
Le Chèvrefeuille du Japon figure sur la Liste noire de la vingtaine de plantes exotiques envahissantes qui sont en train de réduire la biodiversité de notre pays. La moitié proviennent des jardins. Il ne faudrait donc pas le planter chez soi. Et s'il y figure déjà, on évitera de donner des boutures à ses amis et on coupera ses fruits avant maturité, afin que les oiseaux ne disséminent pas les graines dans la nature. L'idéal serait même de l'arracher (ne pas mettre les morceaux de tige au compost, mais à l'incinération), puis de surveiller les rejets qui ne manqueront pas de sortir de terre.
• Informations sur les plantes de la Liste noire
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Vie de la Charte
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Collège de Perrosalle (Ollon-VD)
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Le Collège de Perrosalle est l'établissement scolaire de la commune d'Ollon (VD), signataire de la Charte des Jardins. Vendredi 11 octobre, ses élèves ont planté 140 arbustes indigènes sur l'espace vert de leur école, assistés par des professionnels. Ils ont aussi créé un pierrier pour accueillir des lézards.
Le but du projet est non seulement d'accroître la biodiversité de la commune dans l'esprit de la Charte des Jardins, mais aussi de mettre de la nature à la portée des élèves: ils pourront ainsi observer la faune et la flore "en direct", comme le demande le Plan d'étude romand (PER).
Initiée par le groupe de citoyens "Jardin enVie", et soutenue par la commune et son service des forêts, cette renaturation pédagogique exemplaire est gérée par un jeune forestier dans le cadre de sa formation en environnement. Toujours avec l'aide des élèves, il est encore prévu de planter des variétés anciennes d'arbres fruitiers, et d'installer des nichoirs pour les oiseaux et les abeilles sauvages.
• www.ollon.ch
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Le Chalet (Champel-GE)
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" Dedans lorsqu'il pleut, dehors lorsqu'il fait beau, tu apprendras à semer, planter, multiplier les plantes, créer des herbiers, fabriquer des nichoirs, installer des biotopes. Viens découvrir un jardin extraordinaire et faire connaissance avec tous ses habitants! "
C'est ainsi que le jardinier responsable du Chalet, dans le quartier de Champel (GE), invite les enfants à avoir un contact direct avec la terre et à apprendre à préserver la biodiversité.
Le Chalet est une maison gérée par une association de parents et d’habitants du quartier, qui propose de nombreux ateliers créatifs et de stages pour les petits, les enfants, les jeunes et les adultes. Signataire de la Charte des Jardins, le Chalet utilise aussi les bonnes pratiques de la charte pour divertir et éveiller son public.
• Association Le Chalet
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Agenda
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1er novembre • Champ-Pittet (VD)
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Champ-Pittet, c'est le nom du centre que l'association Pro Natura gère sur la rive du lac de Neuchâtel, au sein de la "Grande Cariçaie", la plus belle zone marécageuse du pays. Dans sa belle demeure du XIXe sont organisés des expositions et des conférences, et les 40 hectares de forêt inondée, d'étangs intérieurs, de prairies humides et de roselières offrent des lieux d'observation de la faune. Désormais, le Centre de Champ-Pittet fait aussi la promotion de la Charte des Jardins, et les visiteurs peuvent y signer la charte et acquérir un emblème.
Vendredi 1er novembre, dès 18h, Champ-Pittet procédera à la clôture de ses activités 2013 par un apéritif et la projection du film "Robert Hainard, la nature, la pensée". Ce film retrace l'incroyable quête de nature sauvage de ce naturaliste de terrain, à la fois artiste, philosophe et scientifique. Entrée libre.
• Champ-Pittet
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26 octobre • Mostfest (ZH)
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C'est désormais une tradition: chaque automne se tient à Zurich la "Mostfest" (fête du jus de pommes) dans un coin de campagne de 5,5 hectares situé en pleine ville. La manifestation est coorganisée par l'association Quartierhof Weinegg (qui gère la ferme) et par le Jardin botanique de l'Université voisine. Le public peut notamment y visiter un verger planté de variétés anciennes, et assister au pressage des pommes.
Cette année la Charte des Jardins est aussi de la fête, dans sa version en allemand: die Garten-Charta. Elle est présentée au public sur le stand du WWF-Zurich qui espère séduire les propriétaires de jardin de la région. Mostfest, samedi 26 octobre (11h-22h), Weineggsstrasse 44.
• Mostfest • Quartierhof Weinegg
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