Nouvelles de la Charte des Jardins
No 9, automne 2015
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Il faut embrasser beaucoup de crapauds avant de rencontrer le prince charmant. (Lucie de Paola, blogueuse)
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Il vaut mieux ne pas embrasser un Crapaud commun (Bufo bufo), parce que sa peau peut sécréter un liquide irritant pour les muqueuses et les yeux. À part ça, c'est un compagnon inoffensif, discret et fidèle: lorsqu'il s'installe dans un jardin, il passe généralement toute sa journée dans la même cachette humide (trou de rongeur, tas de bois, anfractuosité dans un mur) et utilise sa nuit pour suivre un même parcours de chasse, à la recherche d'insectes, de vers et de limaces.
L'automne, c'est le moment d'inspecter les évacuations d'eau de pluie et les sauts-de-loup pour en retirer les feuilles mortes. En cette année de canicule, il est fort possible d'y découvrir des amphibiens (crapauds, grenouilles, tritons, salamandres) qui se sont fait piégés en cherchant de la fraîcheur. S'il sont encore vivants, on les remettra dans les fourrés mais pas dans l'eau. Et on peut sauver les prochains captifs en disposant une branche, une planchette ou une rampe en treillis métallique pour leur permettre l'ascension vers la sortie.
• Conservation des amphibiens en milieu urbain
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Fleurir la deuxième année
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La Charte des Jardins recommande de laisser pousser un coin d'herbe en évitant de le tondre tant qu'il y a des fleurs. Cette pratique de tonte tardive donne du temps à certaines chenilles pour devenir papillons. Or, beaucoup de fleurs sauvages prennent plus d'un an pour se révéler: au cours de la première année, elles forment un discret bouquet de feuilles, et elles attendent la deuxième année pour s'épanouir et montrer leurs couleurs.
C'est le cas de la Chicorée sauvage (Cichorium intybus), l'ancêtre de celle qui se mange en salade. Sur environ un mètre de hauteur, cette plante vivace produit un véritable feu d'artifice de petites fleurs bleu électrique qui se referment durant la nuit – et le spectacle dure tout l'été. Ainsi, cela vaut souvent la peine de tondre haut en fin de saison, ou même de patienter jusqu'à l'automne suivant.
Les livres sur les fleurs sauvages montrent rarement à quoi ressemble une espèce avant sa floraison. Pour apprendre à reconnaître précocement une espèce inhabituelle repérée dans le jardin, on peut photographier la touffe de feuilles et noter son emplacement avec un petit piquet pour éviter de la tondre.
• www.infoflora.ch
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Taupinières
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La plupart des taupinières ne sont pas l'oeuvre de la taupe, croqueuse de vers et d'insectes, car elle est devenue rare en plaine. Elles trahissent plutôt la présence du Campagnol terrestre ou Rat-taupier (Arvicola terrestris). Ce rongeur, trois fois plus gros qu'une souris, dévore les racines, les tubercules et les bulbes qu'il rencontre sous terre. Lorsque sa population se met à croître soudainement – ce qui arrive cycliquement – il peut provoquer de gros dégâts dans les cultures et les vergers – sans parler des galeries creusées juste sous la surface du sol qui défoncent le terrain.
Un jardin qui subit une invasion de campagnols terrestres peut perdre une grande partie de ces plantes (jeunes arbres fruitiers et rosiers, notamment) et finir par ressembler à un champ de bataille. Mais on se gardera d'utiliser du poison pour les contenir, car les rongeurs intoxiqués – et donc faciles à capturer – peuvent empoisonner à leur tour leurs prédateurs: hermines, renards et rapaces... et aussi les chiens et les chats. Pour lutter contre les rongeurs, il existe des pièges mécaniques à placer dans les galeries de surface: les pinces traditionnelle (toujours très efficaces), et les systèmes plus modernes à guillotine. On peut aussi appeler un taupier professionnel qui utilise des techniques de piégeage sans poison.
Lors de l'installation de jeunes arbres dans le jardin, on peut prévenir les dégâts en entourant leurs racines avec un treillis métallique.
• Le campagnol terrestre (pdf de l'AGRIDEA)
• Piège à campagnol Topcat
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Portail "Nature" (Lausanne)
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La moitié des espaces pouvant accueillir la nature en Ville de Lausanne sont situés sur des terrains privés: parcs, jardins et pourtours d’immeubles. Et beaucoup de citoyens pourraient créer des coins sauvage sur leur balcon ou leur terrasse. La ville vient ainsi de mettre en ligne un portail "nature" pour motiver ses citoyens à agir et pour leur prodiguer de bons conseils. La Charte des Jardins fait partie des outils pratiques mis à disposition. Ceci dit, il n'y a pas besoin d'habiter Lausanne pour profiter de la qualité de ces informations.
• Portail nature
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Vie de la Charte
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Emblème recyclé
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Réalisé par estampage à chaud sur une planchette de mélèze, l'emblème de la Charte des Jardins pâlit avec le soleil et la pluie – d'autant plus vite qu'on ne renouvelle pas sa couche d'huile de protection. Dans bien des cas, l'image a complètement disparu avec les années. Depuis deux ans, l'atelier protégé qui les fabrique et les distribue – la FOVAHM, à Sion (VS) – propose aussi deux autres modèles résistants aux intempéries: un emblème en acryl (15x15 cm), et un modèle en aluminium (7x7 cm) à coller sur la boîte aux lettres.
On peut visser le modèle en acryl directement sur l'ancien emblème en mélèze, après avoir donné au bois un coup de papier de verre et d'huile de protection (voir photo).
Un autre atelier protégé situé à Genève (PRO) fabrique de très beaux emblèmes en aluminium gravé et peint (c'est la technique utilisée pour les plaques professionnels placées à l'entrée des immeubles). Dans tous les cas, chacun est libre d'utiliser le logo de la Charte des Jardins pour demander à un graveur de réaliser un modèle original.
• Emblèmes et logo de la Charte des Jardins
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Hägglingen (AG)
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Avec 2356 habitants, Hägglingen est une commune du canton d'Argovie qui a pour devise "Zum Leben gern" (Il y fait bon vivre). Ses sept collines et son environnement naturel font partie de ses atouts. Et pour les préserver, la commune a décidé de lancer la Charte des Jardins en novembre 2014, en envoyant un courrier à tous les propriétaires de jardin. À ce jour, 26 citoyens ont déjà signé la charte. En échange de leur engagement à préserver la biodiversité sur leur terrain, la commune leur a offert l'emblème de la charte.
• www.haegglingen.ch
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Treyvaux (FR)
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Cédric et Christelle Andrey, tous deux éducateurs spécialisés, ont décidé de se lancer dans une belle aventure avec leur trois enfants. La famille a repris une ancienne ferme à Treyvaux (FR), avec ses terrains et ses granges, afin d'en faire un lieu de contact avec la nature pour les jeunes en difficulté. En collaboration avec les services sociaux, leur "Jardin sous la Lune" organise des journées pédagogiques, des rencontres parents-enfants et des ateliers pratiques: soins donnés aux animaux, fabrication de pain, jardinage.
La ferme offre un atout pédagogique d'importance. Elle sert de refuge pour 35 animaux de compagnie (chiens, cochons nains, tortues, lapins, etc.), auxquels il faut ajouter la petite faune sauvage qui est bienvenue car les Andrey gèrent leur ferme en accord avec la Charte des Jardins.
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Susanna-Gossweiler-Platz (ZH)
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Une petite équipe de passionnés, membres d'une association d'habitants de la vieille ville de Zurich (Quartierverein "Altstadt rechts der Limmat"), a décidé de mettre davantage de verdure et de nature dans les espaces publics du Niederdorf. Cet ancien quartier, très apprécié des touristes, s'étale sous l'imposant bâtiment de l'École polytechnique fédérale jusqu'au bord de la Limmat. L'objectif est de créer des espaces à la fois esthétiques et riches en biodiversité, en accord avec les habitants du voisinage et avec leur aide.
Une vingtaine de coins ont déjà profité de ces aménagements qui se font généralement sans moyens mécaniques – et toujours sans pesticides ni herbicides. L'une des interventions les plus remarquable a eu lieu sur la (petite) Place Susanna-Gossweiler, où figure désormais l'emblème de la Charte des Jardins (Garten-Charta, en allemand). On peut admirer, en photos, les réalisations de ces jardiniers-artistes de la biodiversité sur leur page Facebook.
• Grünräume Zürcher Altstadt
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Agenda
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17 octobre • Lancy (GE)
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Samedi 17 octobre, de 9h à 16h30 dans le Parc Navazza-Oltramare, la ville de Lancy (GE) organise sa première Fête de l'abeille et du terroir. Une vingtaine de stands seront à la disposition du public pour valoriser les produits du terroir, élaborés dans un esprit de qualité et de respect de l'environnement. Les enfants sont particulièrement bienvenus à la fête, où les attendent des animations et des ateliers de jardinage, de lombri-compostage et de fabrication de pain. Sur le stand de la Charte des Jardins, ils pourront fabriquer un hôtel pour les abeilles sauvages, à placer sur le balcon ou dans le jardin.
• www.lancy.ch
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23-25 octobre • Festival Salamandre
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Du vendredi 23 au dimanche 25 octobre 2015, au théâtre et complexe sportif de Beausobre (Morges), se tiendra le 13e Festival Salamandre consacré cette année au retour des animaux sauvages: ours, loup, castor, loutre, lynx, vautour, faucon pèlerin... Le festival offre des films, des conférences, des expositions d'artistes, des activités pour les enfants, de quoi se restaurer... Il ne manque rien puisqu'on trouvera aussi la Charte des Jardins sur le stand de la Maison nature, association qui fait la promotion d'un habitat écologique. Les billets d'entrée sont en vente sur place.
• Festival Salamandre
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3 novembre • Colloque national (GE)
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Le mardi 3 novembre aux Acacias (Genève), de 9h à 16h30, le pavillon Sicli accueillera un colloque national intitulé "Quand les acteurs privés font la nature en ville! Illustration de partenariats innovants". Huit projets qui visent à favoriser les espèces sauvages en milieu urbain seront présentés et commentés. Ils ont été menés par des acteurs privés – régies, fondations, coopératives, ems – avec le soutien de l'Etat de Genève et de la Confédération.
Organisé par la Direction générale de la nature et du paysage, avec l'accompagnement de l'association Equiterre, ce colloque vise à partager les expériences menées sur le terrain pour faciliter l'éclosion de nouvelles initiatives. Avec traduction simultanée en allemand. Participation libre mais uniquement sur inscription.
• Colloque Nature en Ville
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